J’ai pas ri


Dans les nuits étoilées il y a la peur du loup, mais aussi l’éveil et j’ai vu
J’ai vu ou j’ai cru voir, la forme, la silhouette, l’ombre d’un homme qui passait furtivement. Au coin de mon oeil. Il n’avait pas de taille, pas de voix, pas de bruit de pas. Qui est-il ? Où va-t’il ? Je sais pas. Je… M’en fous

Demain, je l’aurai oublié. Arg. J’aurais aimé ressentir les mystères de la nuit. Parler de son atmosphère merveilleuse, du calme, de la lune, etc. Mais j’habite en région parisienne. Alors je vais vous parler du vroum vroum des voitures, des écrans publicitaires allumés h24 comme un gros doigt à la crise climatique, des avions qui circulent jusque pas d’heure. Des batiments trop hauts. Des gens trop fatigués. De ceux qui dorment dehors au pied d’immeubles haussmanniens vides. Sans même un banc pour s’allonger, ces longs bancs durs et froid qu’on a cru bon remplacer par du mobilier anti SDF. Les chasser jusqu’au dehors. Bientôt passera la fourrière. On leur donnera quelques croquettes, et on leur passera la sangle au cou. Nos rues seront propres, décarbonées de l’être humain qui ne faisait que dormir là où il faisait tache. 

Le pauvre fait tache dans la vision bourgeoise libérale. Il fait tache, on s’en fiche bien qu’il existe, on ne veut juste pas le voir: la poussière, c’est sous le tapis qu’elle est le mieux. Sous les meubles, ou bien derrière, à l’abri des regards. Moi aussi, je détourne le regard. Trop souvent. De toutes les misères humaines.Je raisonne en grands principes, j’y vais par de grands discours et je comble ma petitesse. 


J’aimerais, moi, que Paris n’existe plus. Paris est une aberration. Bruyante et suintante. Elle fatigue, elle exulte et exalte mais elle ment, aussi. Pleine des fausses promesses des villes anonymes. Ici, tu peux recommencer. Mais ici, personne ne t’entends pleurer. On passe de la famille sous une couverture trouée à même le sol, à ces hommes bien vêtus, sous pull veste de costard, du bidonville à  la galerie d’art et j’execre. J’execre quoi ? La galerie d’art ? Le riche ? Ce serait trop simple. Non, je me déteste d’écrire tout ça comme pour me placer à côté, dire que je n’en fais pas partie. C’est trop simple. J’en fais partie intégrante. J’en suis acteur comme tous les autres.

Nuit, je te haime.
Les une ressemblent aux autres, je suis encore coincé dans les mêmes problèmes qu’avant, à me demander comment viendra la quiétude, par quelle porte surgiront mes monstres, et leurs sensations qui étreignent mon corps.

J’ai parfois le souffle coupé

Coupé d’attendre en vain la légèreté suffisante, que chaque muscle me laisse aller, le cœur calme, le sourire aux lèvres.

Il y a ces bruits, parfois. Ces craquements, ces quelques bruits de pas. Ces souffles sur ma peau, cette sensation de froid. Qui me rappellent que je suis seul. Que la nuit, les murs se resserrent sur moi, parfois à m’étouffer