Con phie ne ment jour 3

Rien n’avance réellement dans mon travail, c’est normal d’avoir la tête ailleurs. Ici l’ambiance n’est pas morose mais stressée, alors on se contacte entre amis plutôt oubliés, on pense aux uns aux autres, j’espère n’oublier personne, j’espère que personne n’est seul. On parle récession économique mondiale, crash boursier, on craint des réformes sécuritaires 
Je viens de diffuser un message via le SSID de ma box pour inviter les gens à m’envoyer un sms en cas de besoin d’internet

C’est irréel ce qu’il se passe. J’ai peur pour Camille, Anaïs, mamie et les autres personnes à risque. Je songe à celles et ceux qui sont à la rue, la petite dame, Marie, de Palaiseau qui compte sur les passants pour faire ses courses.De notre côté on ne sait pas trop comment procéder pour faire nos courses. Faut-il aller en magasin ? En drive ? Les drives sont vides malheureusement. Ou indisponibles. Il y a ce sentiment qu’on vit une situation inédite. Qui peut-être marquera l’histoire à jamais. Le jour où le monde s’est arrêté. C’est l’impression que ça donne bien que pour moi, les journées de travail continuent comme à l’accoutumée. Il y a en arrière plan ce silence. Le silence. Je suis sorti dans mon jardin, on n’entendait aucune voiture. Seulement le bruit des oiseaux.  Et les réseaux, eux, bouillonnent. C’est un brouhaha continuel, on parle coronavirus, confinement, détresse morale, fatigue et le crash économique qui pointe le bout de son nez et mine de rien nous inquiète peu. Un problème à la fois.Tout cela cohabite mais nous rappelle que les préoccupations de la nature sont parfois bien différentes de celle de l’être humain. Pour la première fois, ce n’est plus sa voix qu’on entend mais celle du vivant. J’ai envie d’être positif et j’aime remarquer ce qu’il y a de différent. Ça ne fait pas de moi quelqu’un de naïf. Je ne pense pas “bien fait pour nous” au contraire.

Je sens le calme avant la tempête, voilà ce qui m’effraie.