Pantin

Je suis un pantin au yeux de certains, je me vois plutôt comme un acteur et un messager, un visage humain qui permet de mieux délivrer l’information.

La chaîne voulait se contenter d’images générées par IA, mais les gens ont appris le subterfuge et au final, on a eu moins d’identification ou d’attachement au présentateur, donc un désintérêt du public. Voilà pourquoi on a commencé à expérimenter avec neuralink. L’idée est de fournir un corps à l’IA. J’ai le contrôle de mon corps mais elle me donne des instructions en temps réel et, sur le plateau, je les reproduis. Nul doute qu’elle saura un jour contrôler intégralement mon corps et ma parole. Mais j’y ajoute une touche personnelle qui plaît, ça explique aussi le succès de l’émission par rapport aux précédentes. L’IA se charge de me donner les arguments politiques, l’éloquence, me permet un certain détachement car je ne peux pas perdre mes moyens. Ça déstabilise l’interlocuteur, croyez-moi. C’est pas forcément cool face à un scientifique peu habitué à cela, qu’on peut rapidement submerger de propos difficiles à démonter en temps réel, mais le public aime ça, les investisseurs aiment ça, moi, ça me convient. Et si l’interlocuteur ne parvient pas à contredire l’IA, c’est que l’IA a raison, non ?

Châlons

J’aime et je fuis châlons, j’ai un rapport étrange à cette ville comme une ville dans laquelle je n’ai jamais réussi à m’intégrer, tout en ayant ici d’agréables souvenirs d’enfance, de découvertes, d’émerveillement, et d’innombrables histoires

Ma vie y est peu intense, mais plus forte, diverse, elle stimule les sens et ne se pose que peu de questions, elle existe.

Me voilà, sur un banc dans le jard.

Je regarde des jeunes jongler avec des quilles et des balles, des chiens qui courent et jouent dans la verdure, des gens qui passent, qui parlent, qui prennent leur temps, et je m’autorise un peu à me sentir connecté à eux, à m’en foutre d’être différent, à me dire qu’ils m’aiment qu’importe si c’est faux, qu’eux sont bienveillant, je ne me demande pas pour qui ils votent, s’ils regardent CNEWS, je n’imagine pas leur regard s’ils me savaient homo, je prends juste les gens comme ça, comme si j’étais parmi eux, et je les aime un peu comme j’aime le vent, sans me demander d’où il vient. C’est lâche, c’est naïf, c’est putain d’agréable et reposant. Je n’ai pas à justifier ça. Ma douleur s’apaise, c’est ce qui compte ce jour, et voilà ma vue qui s’étend, ma tête qui pense, je me sens là.