Arrête, mais continue, j’aime ça à en vomir, je voudrais, dans tes bras, tout ressentir, sans tressaillir, ne plus qu’aimer sans me figer. Tes mains, de mon visage à mon intime, je frissonne, peur et plaisir, je me répugne d’apprécier, j’aimerais me retirer, et cesser d’exister.

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C’est dans la solitude que je m’adonne le mieux à la douleur. Que je sais lui consacrer le temps qu’elle mérite, la rassurer et l’apaiser.

C’est dans la solitude que je savoure la douce et lente mélancolie.Je profite du rien.

J’ai enlevé aux secondes chacun de leur poids et je m’applique à me laisser aller, me lover dans le silence. Rien ne vient le troubler. Juste l’inlassable tic tac d’une horloge effarée que ses aiguilles ne bougent pas. Rythmer le néant. Le temps s’est arrêté. 

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Je regarde avec vertige le sol, par ma fenêtre. La nuit me frappe de son air glacial, sur mon visage, dans mes poumons, sous mes ongles.

J’ai longtemps attendu que l’on vienne me chercher. Qu’on m’emporte loin de mes pensées torturées, de mes impasses, de mon atmosphère souillé par les lendemains d’espoirs qui s’accumulent derrière moi.
J’ai longtemps attendu que cette fenêtre s’ouvre avec fracas, qu’on me dise qu’il existe un ailleurs où je baisserais les armes, où je me laisserais bercer, prospère, rassuré.
J’ai cru en chaque jour naissant. En des nouvelles réjouissantes. J’ai cru aux belles paroles, aux idées folles, je les chéris encore, un brin de nostalgie au cœur.

Je me remets à la nuit. Ici, tout s’oublie. Il ne reste rien des murmures, des rumeurs et des rancœurs. Il ne reste que moi. Mon tas de jours derrière, mes maigres espoirs, je leur tourne le dos pour contempler le noir, le néant qui m’embrasse, et le froid, qui me parle sans voix.