Camrène 1

Comment tu veux créer tout un monde si tu dois te concentrer sur tous les aspects
Ce que je dis.
Les mouvement de ma bouche mon visage mes cheveux les muscles de mon cou, mon corps tout entier et le reste. Ce qu’il se passe derrière moi, à mes côtes. Laisse faire. Juste, laisse faire.

Et suis moi.

Pas comme ça, là t’es couché, t’es dans ton lit, redresse toi !
Non reste couché, mais à la verticale. Change ta perception. Derrière toi c’est au-dessus de toi. Voilà, maintenant, marche. Laisse faire, te demande pas ce que tu ressens quand tu marche, juste marche. Suis mes pas. Mais non te recouche pas !

Abuse pas de la gravité, t’es trop lourd là. Et tu crois que je te vois pas te regarder à la troisième personne ? Incarne toi, t’es pas la caméra.

Panique pas, c’est pas facile. Et pourtant, tu le fais toutes les nuits quand t’y prêtes pas attention. Je te donne juste les instructions, que tu me vois, que tu me suives. On reprendra demain.

Je te promets d’être bienveillant, pas comme avant

– Tu les avais tués

Ce n’était qu’un rêve

– C’était mes amis

Ce n’était qu’un rêve.

– Tu m’avais tué

Juste en cauchemar. Dors maintenant.

Pia-mot

La pulsion, elle vient du dos

Celle qui fait cracher les notes, élance les mains, elle vient du dos remonte l’échine et traverse les bras

Et le morceau commence, en notes graves et brutales quasi bestiales, les rythmes saccadent et meurtrient les touches, j’aurais aimé faire plus, dans ma tête, une symphonie
Le ventre se serre
Le ventre se sert quand le dos, fatigué, endolori, en trois temps abandonne, c’est au tour des tripes, dissonance en dissonance, de calmer la colère, la douleur croît, le corps ploie, les notes choient
Calme
Calme

L’estomac se relâche et se dessine alors un paysage connu, les muscles, un à un, des pieds aux mains, laissent aller le fluide qui les a brûlés

Reprise lente, d’abord la main gauche hésite, désolée de m’avoir fait mal
Désolée d’avoir eu à dire
Des pensées ridicules
Sur quels accords reprendre, quel motif broder pour que main droite se pose, rassurée de pouvoir remonter, à nouveau cadencée sur des mots tendres que la boule dans la gorge abandonne. Ça va aller. Le piano a la voix cassée, rauque et étouffée. Sourit en coin, me prend les deux mains, puis dans ses bras majeur, me voilà mineur entouré de ses sons. Ça va aller. Voilà, tu peux respirer.
Silence