Camrène 3

  • j’ai souvent voulu le couper, m’en débarrasser, il était le symbole de ce que je détestais, de ce que je ne comprenais pas. Je me disais qu’il suffisait d’une chose, un coup de ciseaux bien placé et paf, lui et ce qui l’accompagne finiraient par disparaître, je jalousais celles qui n’en avaient pas. Parfois, dans mes nuits terribles, quand je demandais ce que j’étais, quand tu me manquais un peu (tu m’aurais montré d’autres indices, j’en suis sûr) je me martelais le ventre, je pleurais ma médiocrité.
  • je me disais qu’il n’y avait d’autres moyens d’exister que de reproduire ce qu’on m’avait enseigné. Ce bout de rien m’empêchait d’être bien. Ils sont comme ça, je ferai de même, j’aimerais les mêmes, j’agirai pareil, fatalisme. Pourquoi ça ne marche pas ? Qui était il, ce bout de peau, cette excroissance dégueulasse à me dicter mes envies, me dire qui aimer et surtout, à ce moment, qui ne pas aimer.
  • qui était-il à m’obliger une quelconque façon d’être aux yeux des autres, quand je voyais celle de mes paires, que j’y reconnaissais comme dans un miroir mon horrible figure, celle de mon propre père.
  • j’entendais sa voix. Son rire. Son corps, ses poils et lui-même, sa propre excroissance si laide, pâteuse et large. Tout, dans l’homme, tout me dégoûtait. Pourtant, tu existais dans ma tête, mais pas si homme.

J’ai un visage maintenant, et je viens à ta fenêtre, tel un amant romantique, j’attends que tu m’ouvres

  • je t’ai vu nu, une fois, tu l’avais aussi, j’aurais pu comprendre qu’on pouvait être autrement. S’aimer différemment. Rendre les choses si belles comme tu l’étais toi-même.

C’était il y a quinze ans, je m’en souviens comme dans tes songes

  • tu n’étais pas là pour moi, tu étais là pour elle.

Qui te dit qu’elle n’était pas toi ?

  • la vitre, tu l’avais brisée

Coup de théâtre pour sa majesté, éclats de verre pour me sublimer

  • tu étais sublime

J’étais sublime

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