J’ai parfois l’impression que la douleur m’emporte, sournoisement, petit à petit. Toujours là. Toujours là.

Lentement, je me dégrade, dur de penser, dur de créer, dur d’être moi

Dans les pires jours, j’ai quelques moments de calme

Ils sont rares.

Je chéris la sérénité. Avant, elle venait tard le soir, quand la journée était passée, je contemplais la nuit sans contrainte, le lendemain me paraissait loin, j’avais tout le temps, et rien ni personne ne venait m’ennuyer.

Comment retrouver ces moments ? Plus souvent…

L’anxiété nourrit la douleur, la douleur nourrit l’anxiété

J’aimerais, sur demande, me couper du monde. Numérique, physique, peut-être même mon corps. Surtout mon corps. Oublier que j’existe pour mieux penser, créer ou juste me reposer. Mon corps m’appelle, se rappelle à moi, dring, dring, la sonnerie de ma douleur qui vient sans cesse m’interrompre, dring, dring, réveille toi, pense à ça, toujours, toujours, les années passent et pourtant… Toujours, toujours.

Comment déconnecter ?

J’envie les fuites. Les corps légers. Et ce moment, dingue, inattendu, où tout se relâche, tout s’oublie, il ne reste plus rien.

Je n’aime plus écrire

Je n’aime plus écrire, sinon je n’aurais pas à me forcer pour le faire

J’ai perdu goût à ça. Pourquoi ?

Il y va, je crois, de mon rapport au néant, qui aujourd’hui me rend amorphe. Je ne sais plus m’ennuyer. Je ne sais plus penser correctement, et les rares moments de vide, je m’efforce de ne rien ressentir, soit en les remplissant d’inepties que je ne suis que d’une oreille, soit en me concentrant sur mon corps, l’écoutant comme on écoute une personne qui se répète: on aimerait qu’elle cesse, on aimerait retourner à nos divagations mentales, mais elle nous ancre au réel sans ne rien nous apprendre de nouveau.

Je n’aime plus écrire car je ne peux plus m’y abandonner. Je reste amarré aux sens, à ma propre et lourde fatigue.